Le comité d’avis pour l’égalité entre les femmes et les hommes du Sénat s’est penché cette année 2019-2020 sur la question des violences entre partenaires. Suite à l’audition d’experts, le comité a rédigé une proposition de résolution, votée ce 10 juillet.

Sans surprise, ce sont les femmes qui sont plus souvent victimes de violences entre partenaires.

Et ces violences touchent, à n’importe quel moment de la vie, des femmes de tous les milieux, de tous les âges. Ces violences sont clairement des manifestations dans la sphère privée des manifestations des relations de pouvoir qui existent dans notre société.

En Europe, la violence entre les femmes est la 1ere cause de mortalité des femmes de 16 à 44 ans.
En Belgique, Vie Féminine a comptabilisé 24 féminicides pour l’année 2019.

Quatre aspects soulevés par les experts lors des auditions, ont retenu mon attention :

1. Formation des acteurs de terrain
Le besoin de formation sur le terrain est élevé. Trop de travailleurs de première ligne indiquent encore qu’ils ne sont pas suffisamment formés pour ce problème.

2. Impact sur les enfants
L’impact de la violence sur les enfants n’est pas suffisammnent pris en compte. Même s’ils ne sont pas des victimes directes, ils sont au moins secondaires. Le fait d’avoir été témoin de violence à un jeune âge laisse des traces. Elle est souvent traumatisante et porte atteinte au bien-être de l’enfant. Les enfants qui grandissent dans des situations violentes sont susceptibles de devenir des victimes et/ou des auteurs de violences. La reconnaissance en tant que victime n’est pas suffisamment traduite en mesures. Bien que cela soit clairement observé par l’article 25 des Conventions d’Istanbul.

3.Après le divorce, encore
Selon l’étude de Solidarité femme : 79% des femmes sont encore victimes de la violence de leur partenaire sur une période de plus de cinq ans après le divorce, souvent en lien avec le fait d’exercer ensemble la charge parentale. Les accompagnements doivent se faire dans un temps assez long. 

4. Suivi des auteurs

Le suivi des auteurs de violence nécessite davantage de conseils axés sur le risque de récidive. Le taux de récidive est estimé à 38% et diffère selon les districts judiciaires. Le travail d’organisations telles que Praxis donne des résultats efficaces à cet égard.

La lutte contre la violence entre partenaires nécessite une approche intégrée et intégrale qui va au-delà d’une approche purement policière et judiciaire. C’est pourquoi, ce texte réclame un plan et budget ambitieux pour la lutte contre les violences faites aux femmes selon 3 axes, celui de la prévention, de la protection et de la poursuite et du suivi des auteurs.

De nombreux pas en avant ont déjà été faits, et la récente mise en place de la conférence interministérielle Droits des femmes nous donne de l’espoir, mais le travail est loin d’être terminé. Les chiffres devraient nous inciter à être plus ambitieux, plus que jamais. Parce qu’aucun enfant, aucun partenaire ne doit être exposé à la violence tant psychologique que physique ou économique. Nous le devons aux trop nombreuses femmes victimes de féminicides, et à toutes les victimes de situation de violence entre les partenaires.