Ces agricultrices qui innovent : rencontre avec Anne-Sophie de Wouters, qui a su allier agroécologie et production de sapins de Noël.
Plus que jamais la survie et la reprise des fermes sont des enjeux importants en Wallonie. Bien que peu visibles, les femmes y jouent un rôle important. Depuis des années, ma collègue députée wallonne Hélène Ryckmans mène une réflexion sur les rôles des femmes dans l’agriculture, l’élevage, le maraîchage. Elle observe que, souvent, alors qu’elles peinent à trouver leur place das le monde agricole, elles sont à l’origine de l‘étincelle qui va permettre une vraie transition vers un modèle plus durable et respectueux de l’environnement, comme ici, à la ferme de Grange, où nous avons rencontré Anne-Sophie de Wouters.
En effet, durant de nombreuses années, la ferme de Grange reproduit le modèle agricole classique : une culture intensive et traditionnelle. Mais en 2017, quand les enfants se joignent à la réflexion sur l’avenir de l’exploitation, la famille de Wouters fait un tournant à 180° : du jour au lendemain, l’agroécologie se place au centre de leur travail. Un nouveau modèle, plus proche et respectueux de la nature.
Dans le contexte actuel de dérèglements climatiques, la famille en pose le constat : adopter des pratiques agroécologiques est positif pour leur exploitation mais aussi pour la société. Les plus-values sont rapidement au rendez-vous : les sols sont plus riches et plus vivants, la rétention d’eau est meilleure et l’érosion diminue. C’est aussi à ce moment-là, avec l’impulsion de leur fille aînée Anne-Sophie de Wouters, que SapiGrange voit le jour : la culture et la vente, directement au champ, de sapins de Noël certifiés BIO. Anne-Sophie a voulu se lancer dans ce projet un peu fou, convaincue qu’agroécologie et sapins de Noël pouvaient aller de paire. Elle se forme, étudie la question, voyage aussi pour observer d’autres exploitations et lance SapiGrange, un beau succcès pour qui concilie traditions et respect de la biodiversité. .
C’est intéressant de constater qu’à Grange, avec le maillage écologique et le non-labour, on se situe dans un travail qui respecte l’environnement, et qui contribue même à fixer le carbone. Tout est réfléchi ici en fonction de l’écologie. Par exemple, Sapigrange fait le choix de proposer des sapins coupés car chaque fois qu’un sapin part avec sa motte, ça réduit les quantités de terre dans la parcelle et les trous ne se rebouchent pas. Avec un sapin coupé, la racine reste en terre et elle va venir enrichir le sol, voire produire une repousse !
Et les sapins de Noël ne sont pas la seule activité à Grange. Toute la famille s’associe pour proposer aussi des productions locales telles que la bière Wout, du miel, de la moutarde, des œufs ou de la farine moulue sur place. La Ministre Ecolo Céline Tellier a d’ailleurs récemment soutenu la création d’un 2e moulin et d’une infrastructure de stockage de céréales et de farine. Un encouragement à la relocalisation et au développement de filières agro-alimentaires sur le territoire wallon.
Enfin, il est également possible de séjourner sur place grâce aux gîtes à la ferme de Grange.
Les femmes, en milieu rural quand elles innovent comme à Grange, créent à la fois de la convivialité et de l’activité économique durable. Avec les marchés des producteurs locaux comme l’organise Grange, leur marché de Noël d’artisans du coin ou encore leur boutique de produits artisanaux sur place, à la ferme, on crée aussi des lieux d’échanges, on valorise la vente directe et le circuit court et on favorise l’économie locale.