La Wallonie a de sérieux atouts à mettre en avant pour redéployer une industrie textile en Europe, et réduire l’impact environnemental et social de la production et de la consommation de textile des européens, pour offrir une réelle alternative à la fast fashion. Cette conviction, je la partage notamment avec Saskia Bricmont, députée Européenne avec qui je plaide pour une relocalisation partielle de l’activité textile, afin d’accélérer la transition du secteur vers un modèle moins destructeur.
Dans le cadre de nos travaux politiques à ce sujet, nous avons visité l’entreprise textile De Poortere, à Mouscron, qui fabrique de tissus de bout en bout, du tissage à la teinture, sur son site de Mouscron. Cette fabrique familiale montre qu’il est possible d’avoir une production textile qui respecte des normes sociales et environnementales élevées.
Le travail de l’usine De Poortere montre le potentiel de création d’emplois du secteur textile en Wallonie. Il y a une opportunité à saisir pour la région wallonne, qui dispose encore d’un savoir-faire en la matière, comme en témoigne l’exemple de l’usine De Poortere. De la production de fibres à la confection, toutes les étapes de transformation pourraient être relocalisées. S’habiller local, utiliser des tissus d’ameublement locaux, doit redevenir possible.
La relocalisation d’une partie de l’industrie textile en Europe et en Belgique doit également contribuer à une réduction de l’impact climatique et social du secteur. Il est actuellement responsable de 4% des émissions de CO2, de 20% de la pollution des eaux de la planète, et de conditions de travail déplorables dans certains pays.
Le 30 mars dernier, la Commission européenne a publié une série de propositions dans sa stratégie pour des textiles durables, visant à réduire l’empreinte environnementale du secteur. La stratégie foisonne d’annonces dont la plupart donneront lieu à de nouvelles législations – encore faudra-t-il que les Ministres et eurodéputés les adoptent – ou à la mise en place de nouvelles procédures. Elle pourrait également déboucher sur de nouveaux soutiens financiers et d’investissements, qui permettront de relancer une industrie européenne, et soutenir une production de textile en phase avec les objectifs environnementaux. Toutefois, le volet social et la dimension internationale (les Européens importent l’essentiel des vêtements et chaussures qu’ils achètent) sont sous-développés dans la stratégie. Saskia Bricmont s’emploie d’ailleurs à les renforcer par le biais de son action au Parlement européen.
La délocalisation des industries textiles (habillement et tissus) à l’autre bout du monde et la conception de ces matières dans des conditions sociales et écologiques déplorables ne sont pas une fatalité. Une autre mode est possible !
Reportage de Notélé à retrouver ici : https://www.notele.be/it61-media122101-mouscron-saskia-bricmont-en-visite-chez-de-poortere-qui-appelle-l-europe-a-l-aide-face-a-la-concurrence-deloyale.html