J’ai eu l’occasion de visiter l’atelier de l’entreprise textile OPTE, qui produit sa collection dans les ateliers de l’entreprise de travail adapté « Le CARP » situés à Philippeville. Le projet de ces jeunes créateurs montre qu’une alternative éco-responsable existe dans le secteur textile. Le développement de telles solutions est prometteur alors qu’aux niveaux européen et international, la pression s’accroît pour une mode plus éthique et durable.
Les tee-shirts à 5 € produits à l’autre bout du monde dans des conditions de travail déplorables et à un prix environnemental élevé ne sont pas une fatalité. La marque Opte a ainsi été lancée avec l’objectif de proposer une production textile éco-responsable.
« Absolument chaque étape de la chaîne de valeur est pensé et tourné vers l’objectif d’être juste et respectueux de l’environnement » a expliqué son créateur, Antoine Giansante. Les tissus, par exemple, proviennent de chutes destinées au rebut, et les vêtements sont fabriqués en Wallonie par Le CARP. Sa directrice, Marisa Pleintinckx, a montré à quel point tout est pensé au sein de ces ateliers pour gaspiller le moins possible. Outre cet objectif, le Carp a vocation sociale aussi, employant plus de 130 personnes handicapées et en valorisant leur travail.
Cette initiative montre que la fast fashion n’est pas une fatalité. Il est possible de développer des alternatives pour permettre à chacun et chacune de s’habiller selon ses goûts et en faisant preuve de responsabilité. La création d’alternatives est d’autant plus intéressante pour nos régions qu’elles sont pourvoyeuses d’emplois, ici dans l’économie sociale, et créatrices de richesses au niveau local.
Le fait que des marques qui ont pignon sur rue en Europe écoulent leur production pour des tarifs dérisoires interpelle de plus en plus de citoyens. Leur mobilisation a permis d’obtenir des améliorations dans le secteur. Tout récemment, de grandes marques de l’habillement ont trouvé un accord pour prolonger l’Accord sur la santé et la sécurité au Bangladesh. Ce texte avait été adopté au lendemain de l’effondrement du Rana Plaza, qui avait coûté la vie à plus de 1.100 ouvriers du secteur.
La prolongation de l’Accord du Bangladesh a été obtenue après d’âpres négociations. Toutes les marques qui se soucient de la vie des travailleurs qui produisent leurs vêtements doivent signer cet accord. Il faut maintenant étendre cet accord à d’autres pays producteurs de textile et compléter l’arsenal par une législation sur la responsabilité sociétale des entreprises européennes et de leurs sous-traitants. La stratégie textile en cours de préparation par la Commission européenne doit également être l’occasion de s’engager sur la voie d’une mode éthique et durable, inscrite dans l’économie circulaire.
Maintenir la pression sur les marques qui proposent des vêtements à bas coût pour le consommateur, mais à un coût énorme pour l’environnement et la société est indispensable.
Les initiatives comme le partenariat entre Opte et CARP doivent être mises en valeur. Offrir de telles alternatives est le complément indispensable de l’action qui est menée au niveau législatif.