Je me demande : construire le monde de demain avec des cartes blanches ? Depuis un mois, c’est l’overdose de cartes blanches ! Tout le monde a donc un avis sur tout ? Et puis, comment imaginer un « nouveau monde » tout en étant dans autant d’ncertitude alors que nos proches nous manquent et que nos repères sont bouleversés ?

Privés de certaines libertés, nous avons chacun subi plusieurs pertes, parfois des deuils. Nous guettons les conseils des virologues, les consignes des conférences de presse. Après la longue liste des interdictions, voici que les mesures de déconfinement tombent, les unes après les autres.
Et répondent si peu à nos besoins, tant ils semblent calibrés pour une famille Ricoré, avec ponton sur la Lesse.
Nous sommes en colère. Et toutes les inégalités de notre monde tellement imparfait se font plus dures encore.
Nous sommes fatigués. Ereinté, le personnel médical, les caissières, les éboueurs, les services de secours et de police, secteurs essentiels mais tellement méprisés par certains. Epuisés, les parents qui jonglent entre leur boulot et leur famille ; les parents solo, les parents d’enfants handicapés;Stressés, les enfants, qui ont perdu leur vie sociale, leurs repères et observent le monde la mine grave. Et les ados, qui en crèvent de rester h24 avec des parents-chiants-qui-ne- comprennent-jamais-rien.
Inquiets les artistes, commerçants, artisans, entrepreneurs sur les retombées économiques de cette crise inédite sur leur activité.
Sans ressources, celles et ceux qui finissent déjà les fins de mois en joignant à peine les deux bouts.
Sans perspectives, celles et ceux qui ‘avant’ cherchaient du boulot, ou leur place dans notre société.
Tous, nous sommes fatigués de nos efforts. Et pourtant, nous tenons, ensemble. “C’est la solidarité qui nous fait tenir debout, m’expliquent les président.e.s de CPAS, les échevin.es qui gèrent au plus près cette crise dans nos communes.”
Celle des couturières, des voisins attentionnés, de ceux qui font tenir debout les banques alimentaires, des musiciens qui viennent apporter leurs mélodies aux fenêtres des maisons de repos, des services d’écoute de violence intra-familiales, du personnel des institutions de l’aide à la jeunesse, du handicap et de la santé mentale, celles et ceux qui prennent soin sans relâche des autres, des plus fragiles. Ces actes de solidarité, nombreux, ne doivent pas remplacer les responsabilités de l’état . Et il ne faudra jamais l’oublier : le déconfinement est rendu possible grâce à toutes ces personnes, des femmes surtout, souvent invisibilisées, bien trop souvent mal payées, voire utilisées dans leur bénévolat. Aujourd’hui, il m’est difficile de croire en des lendemains qui chantent, … notamment quand je vois ces masques à prix d’or en vente en grande surface.
Mais la vie fait des fissures dans l’isolement. Un peu de lumière est là.  » Tahar Ben Jelloun, Avril 2020.
Alors que je rumine et me morfonds, le printemps, mes enfants, la vie m’appellent à travers la vitre…

En avant ! assemblons force, espoir et courage. Écrivons, Poursuivons nos combats, indignés que nous sommes. Car le monde de demain, demande déjà de passer à l’action !