Un planning familial essentiel

Dominique Roynet, médecin généraliste m’a fait visiter le centre de planning familial de Rochefort qu’elle a co-fondé, il y a maintenant 30 ans.
Un planning en milieu rural, sur la ligne Namur-Luxembourg, accessible, pour que les femmes ne doivent pas courir en ville et prendre des jours entiers de congé pour des rendez-vous médicaux. Accessible financièrement aussi, car ces centres de santé publique proposent des consultations à 1,5€ , 6 € ou …rien du tout. Située à Jemelle, quartier précarisé qui panse encore ses plaies, où la Lomme s’est déchaînée en juillet dernier, la maison est spacieuse et chaleureuse.

Le soleil de mars y entre à flot. J’y rencontre une équipe pluridisciplinaire, féminine,  où la transmission du respect, de l’écoute et de l’accueil des femmes donne envie aux patientes de revenir. Logique, elles y sont entre de bonnes mains !

Les femmes y trouvent un accueil chaque jour de la semaine, des assistantes sociales, des médecins, des conseils juridiques, des animations en rapport avec la santé affective, relationnelle et sexuelle… Une première ligne d’aide hyper ajustée qui réalise un travail plein d’humanité.

Une culture de la bienveillance

Ici, on a pensé à un lieu d’accueil et d’attente agréable, là, l’espace des cabinets de consultation est entièrement pensé pour prodiguer des soins avec toute la bienveillance possible, l’espace pour se déshabiller, la position proche du médecin, la cape qui couvrira la femme pendant l’examen afin qu’elle ne soit pas nue, la durée des consultation qui permet de prendre le temps.  “Des petites choses” qui sont autant d’attention précieuses pour que les femmes se sentent en sécurité, respectées dans leur intimité. Et puis, les spéculums, tièdes, attendent sur le radiateur d’être utilisés pour les examens gynécologiques. Ceux-là ne seront pas froids au moment d’être introduits dans des vagins. Mais bon sang, merci !

L’un des deux seuls centre pratiquant l’IVG en province de Namur

Le planning familial de Rochefort est un centre qui propose des interruptions volontaires de grossesse en milieu extrahospitalier. Et comme les hôpitaux n’en pratiquent pas, ou peu, mais n’en font certainement pas leur carte de visite, c’est ici qu’elles arrivent, souhaitant mettre un terme à une grossesse, de tout le sud de la province de Namur (l’autre unique centre de ce type sur la province est situé à Namur), mais parfois de plus loin aussi. En Belgique, une femme sur 5 sera un jour confrontée à une grossesse non désirée.

 

Notre utérus = une zone à défendre !

Les violences gynécologiques sont une réalité. De nombreux témoignages de femmes en attestent, et à tous  à tous les moments de la vie sexuelle des femmes.
Il est inadmissible aujourd’hui que des jugements soient encore portés sur les femmes qui décident d’avorter. Inadmissible de punir les patientes, avec des soins brutaux, ou des remarques culpabilisantes, des commentaires déplacés, ou même en prescrivant ou en posant un type de  contraception non-concertée : ce sont des pratiques violentes qu’il faut dénoncer. Les violences gynécologiques et obstétricales, précise le guide d’autodéfense « Zone à défendre », « sont toutes ces petites et grandes misères que nous devons subir lors de nos rendez-vous, consultations et procédures chez le gynécologue ou dans les services de santé sexuelle et reproductive ».

Toutes ces petites misères adoucies par des petits rien qui changent la vie… et des soignantes aussi ! Car c’est tout le système qui redevient bien-traitant.

Heureusement, lors du travail d’investigation politique que je réalise au sujet des violences gynécologiques et obstétricales dans le cadre du rapport d’information que j’ai introduit au Sénat, je rencontre beaucoup d’équipes de soignantes qui se forment, réfléchissent et mettent en oeuvre des changements.  Elles prennent le temps, le temps de soigner, d’écouter, de rejoindre les patientes et de les accompagner sur le chemin de leur santé. Avec humanité.

Retrouvez ici la demande de rapport d’information sur les violences gynécologiques et obstétriciales faite au Séant en 2021.