Le rapport d’information visant à lutter contre les violences gynécologiques, initié au Sénat par les écologistes en 2021, sera soumis au vote le vendredi 23 juin 2023.  En primeur, je  vous partage déjà les grandes orientations qui sont déclinées en plus de 90 recommandations adressées aux politiques, au milieu médical, et à la société dans son ensemble.

  1. Reconnaître explicitement les violences gynécologiques et obstétricales comme un problème subséquent à de nombreuses causes (culturelles, sociétales, socio-économiques, matérielles, individuelles ou institutionnelles) et comme une forme de violence liée au genre; identifier, définir et désigner les violences gynécologiques et obstétricales et développer une bonne compréhension du phénomène.
  2. Rendre accessibles les chiffres et les informations inhérents aux pratiques, par exemple les épisiotomies, les césariennes, les inductions, etc. par site d’accouchement, afin:
      • de permettre la réalisation d’un contrôle de qualité (sur la base des normes de l’Organisation mondiale de la santé – OMS)
      •  de pouvoir identifier les bonnes pratiques et, partant, de promouvoir la bienveillance obstétricale;
      • de pouvoir poser des questions lorsque des chiffres sont alarmants;
      • de permettre aux femmes de poser des choix éclairés
  3. Donner aux filles et aux femmes toutes les informations dont elles ont besoin pour prendre en main leur santé sexuelle, en ce compris leurs droits en tant que patientes, grâce à la prise en compte explicite de celle-ci dans des programmes d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.
  4. Veiller au respect de la loi du 22 août 2002 sur les droits du patient, en particulier en ce qui concerne le consentement libre et éclairé fondé sur toutes les informations disponibles.
  5. Prendre des mesures pour garantir aux soignants un rythme de travail respectueux et tenable, qui leur permette d’accompagner sereinement chaque patiente.
  6. Accroître les moyens financiers et humains des centres de santé et des lieux en lien avec la santé gynécologique des femmes.
  7. Conformément aux recommandations de l’OMS, ne pas standardiser les soins et pratiques gynécologiques et privilégier une approche individualisée.
  8. Enseigner davantage la physiologie de la grossesse, de l’accouchement et de la naissance afin d’appréhender la grossesse comme étant un processus physiologique avant d’être éventuellement pathologique et de comprendre ce que l’accouchement signifie pour la parturiente et son entourage.
  9. Fournir une formation de base et continue aux prestataires de soins de santé dans les domaines psychologique et juridique (y compris sur les droits du patient). Cet enseignement devrait concerner notamment l’information, la communication et l’application des droits, le cadre juridique dans lequel ils travaillent, les concepts de consentement et de refus éclairés, etc.
  10. Veiller à promouvoir davantage une attitude respectueuse (langage adéquat, respect, empathie, etc.) et des actions appropriées à l’égard des femmes isolées, des femmes porteuses d’un handicap, des immigrants, des personnes en situation de précarité, des enfants, des adolescents, des personnes LGBTQIA+ et d’autres publics plus vulnérables, par le biais d’une formation spécifique destinée à tous les étudiants dans le domaine des soins de santé, et pas seulement aux stagiaires en obstétrique et gynécologie.

Le document proposé au vote le 23 juin sera prochainement disponible sur le site du Sénat www.senate.be , dans l’ordre du jour de la séance plénière.

Par ce travail politique, j’ai souhaité donner de la visibilité aux violences gynécologiques et bien entendu y apporter des solutions :
– pour garantir aux femmes des soins gynécologiques respectueux et de qualité,
– pour prendre en compte la parole des femmes qui dénoncent des violences,
– pour mettre fin aux pratiques sexistes, racistes, homophobes, encore trop présentes dans le milieu médical,
– pour soutenir les équipes de soignant.es qui se remettent en question et adaptent leurs pratiques, la lutte contre les VOG et pour davantage de bienveillance dans les soins liées à la santé sexuelle des femmes.

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